La légende de Germana [en construction]

Figure importante du folklore baralbin dont le nom est resté attaché à cette colline, la vie de Germana (Germaine) et les légendes qui lui sont associées sont racontées par l’abbé Blampignon dans son ouvrage Histoire de Sainte Germaine, vierge et martyre, patronne de Bar-sur-Aube publié en 1855.

L’histoire de Germana prend place durant l’Antiquité tardive, au début du Vème siècle, dans un village du nom de Florentia établi sur la colline où nous nous trouvons. Germana était une jeune femme d’une grande beauté et dévouée à Dieu, dont la tâche était de puiser de l’eau pour les ouvriers travaillant sur le chantier d’une église. Désireux de mettre sa foi à l’épreuve et de s’en moquer, des hommes malveillants brisèrent ses cruches en terre cuite et les remplacèrent par un crible, en la défiant de poursuivre sa tâche. Confiante, Germana s’exécuta et transporta l’eau sans qu’une goutte ne s’échappe du crible. La source d’où provenait l’eau, située sur le flanc est de la colline et désignée aujourd’hui comme la fontaine Sainte-Germaine, aurait le pouvoir de guérir quiconque passerait la nuit auprès d’elle.

Étroitement lié au contexte des « invasions barbares » qui agitent cette période, le martyr de Sainte-Germaine est relaté selon plusieurs versions. Une première d’entre elles, peut-être la plus crédible historiquement, situe l’action en 407 et fait intervenir un détachement de soldats Vandales, peuple germanique ayant déferlé sur la Gaule dans la première décennie du Vème siècle en raison de la pression hunnique. Se heurtant aux convictions chrétiennes de Germana et au refus de leurs avances, les soldats l’abattent en lui tranchant la tête. Une seconde met en scène des troupes d’Attila le Hun faisant halte à Florentia, sur le chemin de l’Italie après la défaite des Champs catalauniques en 451. Germana est remarquée et capturée par un fils d’Attila avant d’être amenée à son oncle (voire à Attila lui-même) ; furieux d’être méprisé malgré ses égards, le chef Hun lui fait trancher la tête le 19 janvier 452. Sitôt exécutée, son corps sans vie s’anime et marche en direction du chantier de l’église en tenant sa tête entre les mains, avant de finalement s’effondrer aux abords du monument.

L’histoire de Germana donna lieu à un culte spécifique centré sur ses reliques. Son corps fut divisé en deux parties : la tête  était conservée dans un reliquaire argenté en forme de figure à l’église Saint-Maclou de Bar-sur-Aube aux côtés de la tête de Sainte Honorée, tandis que le reste du corps était déposé dans une châsse sur l’autel de l’église Sainte-Germaine (aujourd’hui disparue). Les habitants demandaient l’exposition des reliques pour solliciter leur protection en cas de fléau (sécheresse, orage, etc.) ou en signe de remerciement pour un bienfait. Lors des célébrations, la tête était conduite en procession gravissant la colline jusqu’à atteindre l’église du mont, puis le corps était descendu en l’église Saint-Maclou pour y être exposé quelques jours à la vénération des fidèles. Après un temps jugé suffisant, chacune des reliques retrouvait sa place. A la Révolution, les chefs furent brûlés sur la place de Saint-Maclou, tandis que le devenir du corps est incertain.

La dévotion à la sainte ne tarit pas après la disparition des reliques. Pour la remercier de les avoir préservés d’un incendie en 1814 et d’une épidémie de choléra en 1832, les habitants créent une confrérie sous son nom en 1837. Un monument constitué d'une croix de fer surplombant une épitaphe votive, toujours présent aujourd’hui le long de la route menant à la ferme, est élevé en 1840 au lieu supposé du martyre de la sainte ; une superstition locale voulait que les jeunes femmes enfouissent une épingle au pied de cette croix dans l’espoir de rencontrer leur mari dans l’année.

Le monument commémorant le martyre de Germana, comme l'indique l'épitaphe votive : 
IN HOC IPSO LOCO B. VIRGINEM GERMANAM CHRISTI MARTYREM
OCCUBUISSE JAM INDE A PRINCIPIO REI TRADITUM

La fontaine Sainte-Germaine, qui correspondrait à la source à laquelle Germana puisait son eau, se trouve quant à elle sur le versant est de la colline, sur le chemin menant au village de Fontaine ; quiconque s’endormirait auprès de la fontaine serait guéri de ses maux.